Dans la forêt – Jean Hegland

Jean Hegland – Dans la forêt
Encore un livre conseillé par mon libraire. J’ai ce livre en main en sortant de la librairie mais je n’ai aucune impatience à en tourner les pages. Un peu si je n’étais pas vraiment content d’avoir acheté ce livre un peu comme un personne qui sort d’un magasin de vêtement avec un pull qui ne lui plait pas. Rentré chez moi je commence les quelques phrases, les premières pages mais cela ne prend pas. Je m’arrête. Quelques jours plus tard je reprends mais à nouveau le livre me tombe des mains, je n’arrive pas à commencer, cela bloque.
L’histoire est un peu clichée, c’elle d’une famille avec un gentil papa bricoleur, joyeux qui a transformé sa vie en un vaste terrain de jeux. Une maman mélancolique, aimante et prévenante. Et ces deux sœurs Nell et Eva. Deux sœurs fusionnelles séparées de quelques mois. Cette gentille petite famille réside dans la Californie du nord et vie à l’écart d’une ville moyenne, leur foyer est à une cinquante de kilomètre de tout. Leur maison est faite de bric et de broc, les mois passant une des événements mineurs, mais annonciateurs viennent s’installer. C’est la disparition dans un premier temps de la stabilité de l’électricité, quelques minutes d’interruption puis plus rien, une civilisation qui disparait, asphyxié par elle-même. Le livre va décrire la transition d’un monde de confort, de je veux j’ai, à celui de la plus grande frugalité, d’une rusticité poussée à l’extrême.

Le livre est porté par la narration de Nell, nommée Pumpkin par son père. Nell est une pure analytique et je me retrouve bien dans la description et dans cette façon de tout lister, compter, anticiper, analyse, traduire, anticiper, stocker. Sa sœur est différente, c’est une travailleuse inlassable, elle répète ses mouvements de danse, la répétition toujours et encore. Elle c’est Eva.
Ce que le livre décrit c’est cette lente érosion de ce monde qui ne repose que sur la société de consommation, basée sur le toujours plus. Le livre décrit par la parole de Nell ce retour à des connaissances qui sont proches de nous. Le personnage de Nell souhaite intégrer l’école de Harvard et c’est en pure autodidacte qu’elle travaille, elle aussi inlassablement. Elle va lire tout ce que lui est accessible, tout ce qui peut être lu, de la poésie à la physique quantique en passant par des comptines pour enfants.
La narration est faite sur plusieurs temps, une première mise en place des personnages et des liens de leur attitude et d’anecdotes. C’est fait simplement fait les prémices de la lente chute sont glissés doucement. Dans ce premier temps on va faire des promenades en voiture à la grande ville, comme adolescente les soirées sont simples. Papa amène ses filles qui vont aller participer à un feu avec un groupe d’autres adolescents ou aller dans le seul bar à ado. Puis viennent les premières bouteilles d’alcool qui tournent de main en main.
Puis vient un second temps ou la mère n’est plus, un cancer est venu la prendre et les changements sont devenu brutaux, l’électricité n’est plus, le téléphone n’est plus, les avions ne sont plus. Seul reste ce qui est autour. Cela veut dire que le monde se réduit à mesure des capacités des déplacements. Vient l’heure des dilemmes et des calculs. Celui de l’essence pour aller une dernière fois à la ville pour regarder tout ce que l’on peut encore acheter, toutes les petites choses qui ne vont sans doute plus jamais exister. Dans ce second temps du livre les trois personnages sont ensembles et le papa fait toutes les activités pour avoir le maximum de confort, les petits bricolages, les aménagements. En bon bricoleur il va supprimer la protection de sa tronçonneuse et par une affreuse suite d’événement il va se retrouver empalé. Une tombe est creusée pour recueillir la dépouille et il y’a un la peur que la tombe ne soit pas assez profonde et que les sangliers, présent dans les bois, viennent creuser et consommer les restes de ce corps. Le décès vient signifier un grand changement. Les deux sœurs sont maintenant seules.
Dans ce troisième temps les sœurs vont au jour le jour continuer à vivre dans l’espoir d’un retour, un retour à ce monde, à ce monde d’avant, la rigueur de leur emploi du temps et les difficultés qu’elles éprouvent rends ce quotidien bien complexe. La monotonie va être troublée par deux événements, celui de l’arrivée d’Eli l’amoureux qui est resté dans la ville et qui vient retrouver sa bien-aimée. Puis la convaincre d’aller sur Boston car il pense qu’une nouvelle civilisation se met en place à cet endroit. Nell va la suivre et puis revenir sur ses pas, ne pas abandonner sa sœur est une évidence. A nouveau elles sont dans cette forêt et vont à présent entreprendre de vivre et de se prendre en main. Mais un homme, vient passe et viole Eva, simple, clair et net. Afin d’ajouter à l’histoire ce viol donne un enfant. Eva est enceinte et la description de l’accouchement et d’un ensemble de détail est bienvenue. Les jours passent les descriptions d’apprentissages et des changements qui se font sont de nature à se rapprocher de plus en plus de la nature, de l’observation, de l’adaptation.
Un livre à placer dans les mains des personnes qui pensent qu’un retour à la nature est simple. L’homme est un loup.

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