Bon, j’ai fait un IronMan !!!

== Le départ ==
Ça y est mon bonhomme c’est le jour J. J’ouvre les yeux et je sais que c’est maintenant. L’ambiance du petit déjeuner et un peu lourde, c’est le matin, je suis un peu dans le pâté, il est tôt le réveil c’est 5h30 et malgré le bruit sous les fenêtres, il faut constater que les bouchons d’oreille m’ont permis de passer une bonne nuit, mais tout de même il est tôt.

Pour le petit déjeuner, je mange mes céréales avec un café et un thé, mais l’appétit n’est pas vraiment là. J’ai envie de calme et de glander un peu mais pas le temps. Direction la voiture et on me dépose au départ. Merci pour cela. Il y’a des cars d’autres voitures c’est un peu le bazar mais dans une bonne ambiance. C’est le matin et il ne fait pas encore vraiment chaud, je suis en short et en claquettes, mais impatient que le soleil monte et que les degrés eux aussi montent un peu.

Je suis dans le flux des participants et marche vers le lac, où est situé le sas avec les vélos. Je comprends que l’accès est possible, et comprends par la même occasion que j’aurais pu apporter et placer de la nourriture sur le vélo. Si j’avais passé un peu plus de temps à étudier le sujet c’est une chose que je devais savoir. Je suis à la cool et je vais me mettre en combinaison. Je place un peu de vaseline sur mes épaules et dans le coup et enfile ma combinaison. Je place toutes mes affaires que je devrais retrouver ce soir, enfin si tout va bien, dans un sac blanc, et là c’est bientôt le départ et la bon sang mes tongs ! Oui j’ai oublié de placer mes tongs dans le sac. Et c’est trop tard pour le récupérer. Un autre participant est comme moi avec ses claquettes au pied et on rigole ensemble sur le fait que lui comme moi nous ne souhaitons pas abandonner nos flip-flap. Je fonce et place mes claquettes sur ma selle de vélo avec en tête un plan un peu bancal. Dans l’idée c’est de partir en vélo avec mes claquettes et de de les cacher sous un arbre. Un plan un peu fou et subitement je réaliser que mon sac de vélo va recueillir ma combinaison donc pas de soucis. Ha je respire car il était hors de question de les abandonner.

Gentiment je me dirige à l’extérieur du sas, je suis dans les derniers mais à cela rien d’étonnant, je suis dans une attitude de trainard alors aucune surprise à être le dernier.

Je fais quelques mouvements de yoga pour continuer à être parfaitement détendu, plus deviendrait trop. Ensuite je vais me baigner avec plusieurs objectifs placer de l’eau à l’intérieur de la combi et nager quelques minutes. Je suis un peu dans ma bulle et regarde tous les participants massés sur la ligne de départ, c’est sans doute le bon moment pour les rejoindre.

Arrivé dans le sas de départ je constate que des temps sont affichés sur des panneaux pour faire des sas de départ. Je suis dans la logique de passer plus d’une heure trente dans l’eau et je me dirige vers le sas des 1h40. Je fais le constat c’est le dernier et que je suis le dernier. Au moins c’est clair, je reste quelques temps dans ce sas en prenant le soleil, puis je me décide à aller dans un autre sas. C’est pour ne pas partir le dernier et avoir d’autres nageurs autour de moi, et parce que je n’ai pas envie d’attendre, je suis Parisien.

Le départ est franchement stressant, la musique et surtout cette alarme avec les sons pour annoncer le départ, vague par vague. Cette répétition et cette attente, c’est long. Très long. Alors on attend et on regarde. Certains sont comme moi un peu tendu mais souriant et d’autres ont l’air complétement relax. On arbore tous cette épreuve avec une attitude qui est vraiment personnelle. On sait que presque tous nous partons pour un minimum de dix heures d’effort. Je garde en mémoire lors du briefing que les personnes qui vont tenter l’épreuve pour leur première fois sont vraiment minoritaire. Cela veut dire que toutes les personnes autour de moi sont déjà des finishers et ne sont pas à leur premier coup, je ne trouve pas cela rassurant.

Avant de m’élancer je garde en tête d’être reconnaissant, reconnaissant pour être ici et maintenant, pour être en vie, et pour ce que la vie m’offre, Alors go.

C’est maintenant mon tour d’aller dans l’eau, je me place et tranquillement je me mets dans l’eau, allez on est partis pour combien de temps cela va être la surprise.
La journée va être longue alors pas la peine de foncer tout de suite. Allons-y gentiment. Je fais tourner les bras et les jambes se reposent. Il y’a une recherche de relâchement, tant dans les bras que dans l’attitude d’une manière générale. Je sais que je devrais passer un bon moment dans l’eau alors patience.

Nous sommes pour cette activité nautique entourés par des kayaks et ceci sur tous le parcours, c’est très rassurant, ce qui l’est encore plus c’est toutes ces personnes autour de moi.
J’ai ma grosse montre au poignet c’est plutôt bien car entre la vue qui baisse et les lunettes de bain, ce n’est pas si facile de regarder depuis combien de temps je suis dans l’eau.
Les bouées sont jaune et elles sont bien alignées. Je prends le temps de regarder autour de moi les nageurs et les nageuses et constate un panaché de couleur de bonnets de bain. Je me questionne sur leur signification. Je ne saurais pas pourquoi autant de couleur et leur correspondance. C’est ainsi.

Après une bonne vingtaine de minutes je fais une première pause en étant sur le dos à faire quelques mouvements de dos crawlé, j’en profite aussi pour réajuster mes lunettes. C’est du premier prix de chez décathlon alors il est bon de ne pas trop en attendre.
Je suis dans le paquet mais j’ai malgré tout l’impression d’être lent et surtout de ne pas forcer. J’ai l’impression que je pourrais aller tellement plus vite. A plusieurs reprises je me demande si je nage droit, c’est-à-dire sans faire de zigzag. Je compare avec d’autres nageurs et je ne sais que penser. Incapable de savoir au j’en suis et quelque part je constate que je m’en fous, je me dis que le fait d’être dans le paquet, c’est bon signe.

Depuis le départ je me trimballe une plante sur un pied, une espèce d’algue qui est devenue une amie, mais j’aimerais que nos chemins se séparent. Au bout d’un certain temps cette petite algue retrouve sa liberté et par la même occasion, moi aussi. Je vois sur ma montre le temps une quarantaine de minutes et je me dis que c’est bien, que cela avance correctement.

Je cherche maintenant que je suis chaud à bien tourner les épaules et à augmenter le rythme mais sans augmenter l’effort. Je commence à entendre à nouveau le son provenant de la plage. Ça y est le tapis rouge est visible, je me dis que c’est presque bon et que on va aller manger et faire tourner les jambes sur le vélo et aussi se réchauffer, car j’ai froid et ce depuis le départ.
Nous sommes près du bord certains sont debout et commencent à marcher, je fais le choix de me redresser quand mes mains touchent le fond une technique de commando roumain pour éviter de se couper et autre et surtout minimiser la partie à marcher dans la vase.

Je remonte la pente en footing et me retrouve avec mon estomac qui trouve une solution à son problème en me faisant ressortir la prune mangée juste avant le départ.
Sans me presser Je me change est je vais faire une pause au toilette, décidément mon petit corps n’est pas celui des males alpha qui sont déjà sur leur bicyclette. En cherchant à regagner mon vélo on me demande de faire le tour, je ne comprends pas trop, mais je vois qu’il faut que je repasse par la zone de départ. Bon je retrouve mon vélo est le constat c’est qu’il ne reste plus tant de vélo que cela dans la zone de départ vélo.
Je commence à m’élancer, j’ai ma stratégie et je devrais la maintenant me faire un petit repas. Dans l’idéal je pense manger deux sandwichs et j’ai aussi deux œufs, je dois être le seul à trimbaler des œufs… Un choix un peu stupide.

Je déballe les sandwichs en étant allongé sur mon vélo et je commence à en manger des petits morceaux mais cela ne passe pas du tout, je me force mais ça ne passe pas. Je n’insiste pas et range tout cela dans mon dos. Je bois un peu de boisson et tranquillement je regarde autour de moi et je ne force pas. Je recherche à optimiser ma position et à faire tourner les jambes.
Pour savoir si tout va bien au niveau du temps j’ai mon compteur devant les yeux. Ce petit compteur donné avec le vélo pour lequel je suis obligé de le réinitialiser complétement pour remettre la distance à 0 est bien pratique.

Et pour compléter j’ai mon garmin placé sur le cadre mais il est difficile de voir ce qui est affiché.
A nouveau j’essaie de manger mais cela ne passe pas que m’arrive-t-il ? Moi qui éclate les barres et les pâtes de fruits, la rien, pas d’envie.
J’ai des douleurs dans le ventre mais je ne localise pas trop les choses je suis tellement à observer ce qu’il se passe autour de moi. Comme ce monsieur qui vient de crever à l’arrière et qui soulève son vélo et le jette par terre en hurlant. Ou ces dames que je n’arrive pas à suivre tellement elles filent.

La douleur au ventre prend de l’ampleur et devient forte, je recherche à objectiver et après avoir touché mon foie je constate qu’il est très douloureux au toucher sur tous les axes, les symptômes sont là je suis en train probablement en train de faire une crise de foie. Je comprends pourquoi je n’arrive pas à manger, pourquoi j’ai pas les jambes et pourquoi quand je me suis plié sur mon vélo c’est douloureux.
Ha ce moment précis je comprends que tout est cuit et je ne vais pas faire cette course. Je comprends que je vais juste pas pouvoir continuer comme cela. J’ai la nausée, mal au ventre et tout fait mal. Une partie de moi projette un schéma de j’arrête dans cinq minutes. Je cherche à replacer l’ensemble mental corps et motivation. Je dis au cheval, tu es bien, tu as mal, mais à un moment, qui n’est pas encore maintenant cela deviendra moins fort, fais-moi confiance. Au mental je dis, tu sais que tout ce que nous avons fait était des entrainements, ici est l’épreuve, tu es prêt à être éprouvé, cherche à découvrir de nouvelles choses, fais toi confiance. Et le passager dans tout cela dis ne vous laissez pas éclairer par l’ego, vivez ce présent, vivez-le !

La douleur est installée maintenant deux plus de trois heures, je tourne aux dattes, elles sont dans un sac en papier qui est dans mon dos et je balance des noyaux sur les bords de routes. Je vois juste devant moi, un espagnol qui balances son emballage de gel en pleine campagne, je suis un peu atterré. Dès que je recherche à appuyer un peu plus sur les pédales la douleur augmente alors je fais le nécessaire sans en ajouter. En roulant je regarde un peu partout, je ne sais pas faire autrement et je trouve le coin assez chouette. La première boucle est faite, je ne fais pas attention au temps ni à la distance parcourue, je regarde uniquement la moyenne, mon objectif est uniquement de réussir à passer à l’étape suivante la course à pied.

Je vise de rouler à plus de 26km/h comme cela je sais que je serais dans les objectifs de temps pour ne pas être disqualifier car trop lent. La stratégie par rapport au temps est de diviser la partie vélo en trois sous bloc. Un premier de quatre heures, un second de deux et un dernier d’une heure. Est associé à ces blocs ce que je devais boire et manger, tout est tombé à cause de ce foie. Je fais mes calculs et regarde surtout mon déficit en eau que je cherche à minimiser.

Je termine le premier bloc et je suis en déficit de plus d’un litre et de pas mal de calories, mais c’est ainsi car l’attitude est de minimiser l’écart et de dire que pour le moment tout va bien, le temps est bon il y’a de la marge.

La deuxième boucle est presque plus facile, la douleur est installée et acceptée, le temps passe les kilomètres aussi, le vent lui commence à monter. La distance entre les vélos et bien présente, terminé les paquets de cyclistes, je me sens seul au milieu de nulle part et c’est à la fois rassurant et calme. Le temps, l’obsession du temps que l’on trouve sur des courses plus courte et la bien différent. Mon compteur m’informe que nous sommes bientôt à plus de cinq heures de promenade et la moyenne et bonne.

Il y’a un étonnement sur la vitesse affichée et je doute de son exactitude, mais les vélos autour de moi me confirme que les temps sont corrects. Il est amusant de voir comment sur cette deuxième boucle les acclamations et l’énergie des personnes autour du circuit est descendu. Terminé les encouragements des bénévoles qui sécurisent les intersections. Je m’arrête à deux reprises pour recharger en eau et en boisson iso. La boisson iso n’est pas du tout à mon gout et pour être clair je trouve cela dégueu, mais je n’ai pas vraiment le choix.

Je continu à rouler et entend une moto, c’est le pro-female qui sont partis en décalées et elles foncent. La première passe et ensuite la seconde puis la troisième et elles tournent à gauche pour entrer à Vittoria alors qu’il me reste encore une boucle à faire. Impressionnant.

Pour le moment la vitesse moyenne est stable, la douleur au foie présente mais moins forte, je suis étonné quand je regarde mon compteur et que je vois cinq heures, étonné que tout soit passé si vite, presque trop vite. Je m’étais préparé à passer sept heures sur le vélo et cela devrait être plus court, j’en suis ravi. J’ai cependant une grosse inquiétude pour la course à pied, je viens de passer sur un dos d’âne et à l’atterrissage du saut j’ai compris que mon foie aller passer la journée à être l’organe à protéger.

Pour entrer dans la troisième boucle, qui est très courte et clôturer la partie vélo, je pars sur le principe que la course à pied va être une catastrophe et qu’il est temps d’envoyer un peu. Depuis le début je fais du soft pedaling comme disent les anglo-saxons et là je commence à appuyer un peu plus fort ! Je repasse une troisième fois devant le lac et je me dis que le départ et déjà loin, Je suis de plus en plus détendu sachant qu’une partie que je craignais et en train de se finir et que ma vitesse et supérieure à mes prévisions.

Les changements de dénivelés sur l’ensemble du parcours sont mineurs et c’est presque dommage, car de plus en plus j’aime quand cela monte. Pour cette fin d’étape je m’autorise à discuter avec un tout le monde et de plaisanter et sourire. Sourire bien sûr, c’est comme une musique que l’on place sur son visage. J’ai pour le moment et depuis le début réussi à me replacer, placer du rythme dans le pédalage et du contrôle de la pulsation cardiaque. La fréquence cardiaque cible pour le vélo était de 145 pulsations, mais n’ayant pas allumé ma montre et le GPS dans la bonne séquence fait que je n’aurais pas ma fréquence moyenne. C’est en regardant sur le cadran de la montre que je contrôle la pulsation et c’est utile pour éviter de tenir un rythme fatiguant sans vraiment sens rendre compte.

La partie vélo se termine par une entrée dans la ville, je suis un peu survolté et fonce comme un couillon, si bien que j’arrive pleine balle et que je suis à deux doigts d’enfourcher un bénévole, j’ai du mal à descendre de vélo et continuer. Le vélo donné à un bénévole je me dirige sur la zone de transition. J’ai une douleur dans le ventre qui me bloque tout le dos, cela me fait être raide comme un morceau de bois.
Arrivé sur la zone de transition je me change et me met nu et enfile mon petit short, troisième fois depuis ce matin que je suis à poil. Je prends le temps de placer mon dossard, celui-ci est tenu par des épingles et je dois le défaire une à une de mon maillot de vélo pour le placer sur mon débardeur de course à pied. Je ne sais pas combien de personnes ont choisi ce système, très peu, tous ou presque avaient une espèce de ceinture sur laquelle le dossard était positionné. Le plus simple est souvent le mieux et j’ai pu voir pendant la course à pied que les ceintures peuvent être un problème. Dans cette zone de changement je fais le choix de garder mes chaussettes, j’ai en des propres dans mon sac, mais je juge que cela est inutile.

A ce moment précis je n’ai aucune idée de comment je peux faire. Comment je peux me lancer à courir plusieurs heures, à m’élancer sur un marathon, alors que je me sens comme un morceau de bois et que j’ai envie de vomir. Je suis dans un état d’esprit qui n’est pas positif. Mon mental est bas, mon niveau physique est bas, j’ai des douleurs, c’est le moment d’être présent.
Les premières foulées sont terribles, je n’arrive pas à avancer, j’ai des renvois, ils me poussent à m’arrêter plusieurs fois pour essayer de vomir, mais rien ne sort. Sacré coup qui m’arrive avec mon estomac, je ne suis pas coutumier de ce type de problème, mais aujourd’hui c’est ainsi. Ce qui est important n’est pas ce qui arrive, mais ce que l’on en fait. Je fais en sorte de remettre de l’ordre et de me focaliser sur une chose. Avoir un rythme et le conserver. Il est indispensable de ne pas se disperser et de garder le rythme avec cette idée que chaque pas rapproche de la ligne d’arrivée.

Le parcours comporte quatre boucle et il est clair que c’est dur de passer à côté de la ligne d’arrivée, encore plus dur de voir les autres participants finir. Dur cela, oui mais on se doutait bien que cela n’allait pas être une chose facile.

Le bilan sur cette première boucle est : Des moments où j’ai marché pour me faire vomir sans succès, j’ai commencé à aller mieux, pas la grande forme mais mieux. Sur chaque stand proposant des boissons, je me suis arrêté pour boire. J’ai par rapport aux autres coureuses et coureurs vraiment l’impression d’être d’une lenteur sans limite.
Ce qui en soit casse le plus le moral c’est de voir des participants finir, alors que moi je ne suis pas du tout dans une position de finir et je sais que la fin c’est dans de longues heures. Avec ce constat je prends mon mal en patience, depuis le matin je suis dans une forme de douleur et de souffrance, et cela est dans la continuité. Ce qui est très bon c’est l’ambiance, c’est très bon car cela donne le sourire et du sourire vient le reste.

Boire et s’alimenter était des choses prévus et détaillé pour la partie vélo, j’ai travaillé là-dessus. Mais pour la partie course, je me suis simplement dit que je ferais au mieux, au ressenti.
Les boissons proposées sont de l’eau, du redbull, du gatorade et du cola donc il fallait faire des mix pour pouvoir associer hydratation et énergie, pas simple. La fin du premier tour se fait en repassant devant le point d’arrivée, et on repart pour un autre tour. Il y’a un côté horrible à cela. C’est de n’en jamais voir la fin et de voir le temps qui s’écoule, une sensation de jamais cela ne finiras.
Sur le deuxième tour j’ai en tête de me dire que pour le moment tout va bien, je suis lent très lent mais ça avance, le rythme cardiaque est dans la cible, pas de douleur dans les genoux ou les chevilles mais les orteils commencent à se signaler. Sans doute le choix de conserver mes chaussettes de vélo est à ce moment précis remis en question. Plus cela avance et plus c’est douloureux. C’est une douleur que je connais, je ne sais pas dans quel état je vais retrouver mes doigts de pieds ce sera la surprise. Pour le moment il faut avancer et on verra ce genre de détail plus tard.

Je commence à me dire que c’est maintenant, oui maintenant qu’il faut que je profite de ma course. Je ne suis pas venu ici uniquement pour souffrir mais aussi pour prendre plaisir à réaliser quelque-chose qui me parait impossible, pas la peine de froncer les sourcils et serrer les mâchoires pour réaliser quelque chose de difficile.

Je choisi de changer d’attitude et de me dire que je suis en train de le faire. Ce truc que je bosse depuis presque un an je suis en train de la faire, ce n’est plus qu’une question d’heure. Je passe en revue toutes les étapes et c’est évident que maintenant je vais terminer, et ce quoi qu’il arrive. Je sais que si je prends des calories sous quelque forme que cela soit j’arriverai à terminer. Donc tout n’est plus question de laisser le temps passer et de ne pas cristalliser sur quoi que ce soit.

Les orteils font mal de plus en plus mal, et je me dis c’est chouette je n’ai mal qu’aux orteils le reste va bien. Je termine comme cela le second tour et c’est la bascule je sais que maintenant cela va dérouler. Je regarde les autres participants, certains montrent beaucoup de souffrance d’autres sont relâchés, et paraissent facile. D’autres font preuve de l’utilisation de beaucoup d’énergie, de beaucoup de mouvement, il se lit une envie, une grande envie de terminer. Je me demande bien à quoi je peux ressembler. Il fait chaud et je transpire un peu. Je demande lorsque j’arrive à un stand hydrations d’avoir la tête aspergée. J’ai de la chance je connais ce mot en espagnol, de la chance car je ne connais moins de dix mots.

Le troisième tour se fait sans trop de difficultés, il faut avancer et c’est tout. Je m’arrête pour boire et maintenant je tourne au coca et à l’eau ce sont les deux seules choses qui passent. Je repasse une dernière fois à côté de la ligne d’arrivée, et cette fois c’est bon la prochaine fois c’est pour finir cette interminable course. Alors plus que dix kilomètres, c’est bon c’est facile il ne me reste plus qu’à avancer tranquillement et repenser à toutes ces choses, toutes ces choix, tous ces kilomètres, toutes ces heures que de temps de préparation pour maintenant comprendre que c’est bientôt terminé.
Le public de tour en tour se fait plus rare, pas très dur de comprendre que je suis dans les derniers et qu’il est tard. J’ai de la peine pour ceux pour qui il reste encore plusieurs heures à effectuer. Ce dernier tour j’ai presque de la nostalgie à me dire que cette course va prendre fin. Cette chose qui me paraissait hors norme presque impossible, je suis en train de le terminer, je suis en train de réussir mon projet. Je suis très content. Milles idées en rapport avec la nourriture me traversent l’esprit. C’est sans limite, le salé, le sucré, le gras, le raffiné, cela boucle sur la nourriture, j’ai presque les gouts dans la bouche.
Voilà il ne reste que quelques encablures et je vais passer cette fameuse ligne, c’est maintenant, c’est terminé. Je rentre sous les arches je suis sous l’emprise de milles hormones qui me donnent des élans et tout s’emballent. La ligne, la cloche, la couverture de survie sur les épaules, ça y’est c’est fait. Je suis un IronMan.
Je me le répète, ca y’est c’est fait, je suis content et je dis merci.

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